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Valérie Pécresse : « Mon plan pour démanteler les bandes »

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La présidente de la région francilienne dévoile son plan pour démanteler les bandes en Ile-de-France. Au menu, la vidéoprotection entre les transports et les lycées, des drones, ou encore le conditionnement des aides municipales.





Valérie Pécresse estime que les réseaux sociaux ont contribué à renforcer le phénomène des règlements de compte entre bandes. Elle veut renforcer tous les maillons de la chaîne d'autorité dans les territoires franciliens.


Après le drame de la jeune Alisha, que peut faire la région contre le harcèlement moral ?


VALÉRIE PÉCRESSE. Je travaille depuis des années avec Nora Fraisse dont la fille, Marion, s'est suicidée à 13 ans à la suite de harcèlement scolaire. Il y a quelques mois, nous avons ouvert à Orsay, en Essonne, la première « maison de Marion », un lieu où les jeunes victimes peuvent se reconstruire et les parents se faire aider. La région propose aussi, à tous les lycées, des campagnes clés en main contre le cybersexisme. Nous faisons enfin la promotion du « 3020 », le numéro d'appel destiné aux jeunes victimes de harcèlement qui est encore trop mal connu.


Un conseil interministériel sur la violence des bandes s'est tenu ce vendredi matin. Qu'en attendez-vous ?


Cela fait des années que je tire la sonnette d'alarme. Le Covid et le confinement ont renforcé ces tensions. Mais cette violence est surtout liée aux réseaux sociaux où les bandes peuvent se regrouper, se lancer des défis. Je propose un plan global de démantèlement de ces bandes qui repose sur trois piliers, la sécurité, la responsabilité et la sanction.


Concrètement, que proposez-vous ?


Il faut renforcer tous les maillons de la chaîne d'autorité dans tous les territoires. La région a créé cinq brigades de sécurité dans les lycées, qui ont procédé, depuis septembre 2020, à 400 interventions pour ramener le calme. Il en faudrait huit, une par département. Je pense que les départements devraient créer des brigades sur le même modèle pour intervenir dans les collèges.


La police municipale serait un maillon essentiel ?


Il faut rendre obligatoire les polices municipales dans toutes les villes de plus de 10000 habitants. Des polices municipales qui soient armées d'armes à feu. On a vu leur efficacité lors de l'attentat terroriste de Nice l'année dernière. La région a financé l'équipement de 300 polices municipales, mais si on les rend obligatoires l'Etat devra transférer des moyens supplémentaires aux villes.


La police de proximité c'est aussi la vidéoprotection…


La région a financé 300 communes pour de la vidéoprotection. Mais il en faut partout pour éviter « l'effet splash », c'est-à-dire que les bandes se regroupent là où la vidéoprotection est absente. Mon objectif de vidéo-protéger à 100 % les transports en commun, je l'ai tenu. Et les rixes y ont chuté. Je souhaite l'étendre, dans les villes où il y a des phénomènes de bandes, sur les parcours entre les établissements scolaires et les transports. Je vais en demander l'autorisation aux préfets car je me heurte au refus de certains maires. Je propose aussi d'utiliser les drones — comme nous le faisons sur les bases de loisirs de la région — pour alerter en cas de regroupements suspects. Il faut une loi pour l'autoriser.


Votre second pilier, c'est la responsabilité. C'est-à-dire ?


Il faut impliquer les maires et les familles. Les « conseils des droits et devoirs de famille » devraient être obligatoires dans les villes de plus de 10000 habitants contre 50000 actuellement. Le maire convoque les jeunes et leurs parents en cas d'incivilité, de petites infractions pour les responsabiliser. Je souhaiterais aussi, comme le maire de Poissy, que les aides municipales facultatives (bons vacances, chèques loisir…), soient conditionnées aux réparations par les voyous des dommages qu'ils ont causés. Et ce, dès le premier acte, sans attendre la récidive afin d'éviter un sentiment d'impunité.


Vous souhaitez renforcer les sanctions. C'est ce que prévoit la réforme Dupont Moretti…


Le ministre de la Justice a pris conscience du problème puisqu'il veut raccourcir les enquêtes sociales préalables aux jugements à trois mois. Mais c'est encore trop long. Pour les cas les plus graves, il faudrait les raccourcir à un mois, avec une comparution immédiate devant le juge et un éloignement sans délai des quartiers pour les « meneurs ». Pour que cela marche, il faut augmenter le nombre des centres éducatifs fermés. Je ne veux pas qu'on envoie les voyous mineurs dans des prisons pour adultes car ce sont des écoles du crime. Il n'y a qu'une vingtaine de centres en Ile-de-France pour faire face aux 70 bandes recensées par le ministère de l'Intérieur!


Que proposez-vous pour les plus petits délinquants ?


La sanction la plus éducative, c'est le travail d'intérêt général (TIG) pour tous les « suiveurs », ceux qui ne sont pas dans les bandes les plus violentes. Il faut généraliser les TIG et aussi systématiser les réparations, ce qui est important pour la victime. Mais les juges n'en trouvent pas assez. Je propose donc que la région devienne organisatrice de TIG et plus seulement les mairies.


Vous souhaitiez abaisser la majorité pénale de 18 à 16 ans. Comme Marine Le Pen, aujourd'hui. Vous avez changé d'avis ?


J'y suis toujours favorable. Mais les jeunes violents ont désormais 13 ou 14 ans. Donc le sujet est largement dépassé.

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