Il y a quelques jours, à l’issue du scrutin des européennes, notre famille politique enregistrait une défaite cinglante. Malgré votre engagement sans faille sur le terrain, malgré les qualités et le talent de notre candidat, nous n’avons pas su incarner une alternative crédible à Emmanuel Macron.
La situation est très grave car si la droite n’arrive plus à incarner une troisième voie entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, j’ai la certitude que le Front National arrivera tôt ou tard au pouvoir en France. Et cela, fidèle à mon ADN gaulliste, je ne peux pas m’y résoudre.
Il y a une urgence démocratique à refonder intégralement la droite. Mais je dois vous dire la vérité, même si elle est douloureuse à entendre. J’ai fait le constat qu’il est impossible aujourd’hui de mener ce travail de refondation de l’intérieur du Parti. Notre parti est cadenassé : sur ses idées et sur son organisation.
Depuis 2 ans, j’ai tenté de faire évoluer notre politique et notre stratégie pour élargir la droite et ramener à nous tous nos électeurs qui nous ont quittés. En vain. C’est parce que j’avais l’intime conviction que les choses pouvaient encore changer de l’intérieur que j’ai créé Libres !, mouvement associé destiné à rassembler très largement et à aider notre famille à se reconstruire.
Mais sur tous les sujets que j’ai essayé de porter au bureau politique : démission d’office des constructifs qui avaient rejoint la LREM, démission d’office des « fusionnistes » comme Thierry Mariani qui prônaient une alliance avec le FN, refus d’une alliance contre nature avec la France Insoumise pour rejeter la privatisation d’ADP – qui aurait pu figurer dans notre programme des présidentielles – défense des libertés publiques en Hongrie qui a abouti à la suspension de Viktor Orban du PPE, droits des femmes, écologie positive… je me suis heurtée systématiquement à des fins de non-recevoir.
C’est pourquoi aujourd’hui, en femme libre, j’ai décidé de quitter les Républicains. C’est un déchirement personnel de quitter le parti de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, que j’ai contribué à créer et dont j’ai mené tous les combats, même le combat réputé ingagnable, celui de l’Ile-de-France.
Je suis triste car j’ai parmi vous beaucoup d’amis chers, mais nous ne devons pas nous mentir : malgré notre bel ancrage local, nous serons en voie d’extinction si nous ne provoquons pas très vite un électrochoc. Et il va falloir repartir de zéro.
D’une défaite peut naître une victoire. Je suis pleine d’espoir car je sais que la droite en France pèse beaucoup plus que 8% et que jamais nos solutions n’ont été aussi nécessaires pour notre pays.
Nous pouvons, nous devons incarner rapidement la troisième voie entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. C’est un impératif démocratique. Pour cela, nous devons refonder une droite fière de ses valeurs et bien dans son époque, qui propose des solutions nouvelles sur l’autorité, la laïcité, l’emploi, la rémunération du travail, la préservation des retraites, l’écologie positive ou la lutte contre les fractures territoriales et sociales.
Ma démarche s’inscrit naturellement au sein de l’initiative de rassemblement de la droite et du centre lancée par Gérard Larcher, qui va bien au-delà des partis. Mais pour réussir, cette initiative doit s’appuyer sur un pilier fort de droite authentique, qui assume ses convictions dans la France d’aujourd’hui.
Ce pilier, je souhaite le construire avec tous ceux d’entre vous qui partagent la même intuition que moi, mais en ouvrant nos portes et nos fenêtres à la société civile et en s’appuyant sur l’expérience inestimable de nos élus de terrain qui incarnent dans leur territoire cette droite qui rassemble et qui agit.
Il y a des moments où il ne faut pas se dérober. Notre responsabilité est immense : nous devons redonner aux Français envie de droite, ou risquer de disparaître. Je vous appelle donc ici à ne pas vous résigner, à ne pas baisser la tête, mais à nous rejoindre pour rebâtir notre maison commune.
Valérie Pécresse
Présidente de Libres !
Présidente de la Région Île-de-France
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