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Féminisme en politique : Valérie Pécresse répond à Michel Richard

La candidate à la présidentielle réagit à la dernière chronique de Michel Richard, qui voyait dans son féminisme une posture électorale.





Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et candidate déclarée à l’élection présidentielle, répond à la chronique de Michel Richard, qui la taquinait sur son « féminisme claironné » devenu son « meilleur argument électoral ».


 


Cher Michel,


J’ai lu avec attention votre lettre qui m’était destinée. Permettez-moi de vous adresser ces quelques mots en retour.


Dans l’interview au Figaro à laquelle vous faites référence, je dévoile les premières réformes visant à mettre en œuvre mon projet de société : « restaurer la fierté française ». Donner à la justice les moyens de défendre les victimes. Remettre de l’ordre dans les dépenses publiques. Stopper net les dérives de l’immigration incontrôlée. Lutter contre l’enfer bureaucratique. Faire de l’écologie une source de croissance, et non de blocages. Mettre fin à la naïveté de l’Europe dans la mondialisation. Mener la mère des batailles : faire de la France une Nation éducative. Par son ambition, je le crois, mon projet pour la France me distingue de mes concurrents – avérés ou putatifs – autrement que par le seul fait d’être… une femme.


J’ai, en effet, déclaré que « les femmes ne sont pas là pour jouer les numéros deux ». Cette conviction a semblé susciter votre perplexité. Lorsque j’affirme, sans fard, être « prête à devenir la première femme présidente de la République », cela vous donne le vertige. « Féminisme claironné » érigé en « argument électoral », écrivez-vous. Sans doute émise de bonne foi, votre assertion est surtout la preuve du chemin qu’il reste à parcourir pour faire progresser le regard des hommes sur la place des femmes dans la société.


Observons la vérité en face. Au sein de chacune des catégories sociales, de la femme ouvrière jusqu’à celle qui intègre un conseil d’administration, le combat au quotidien est souvent plus difficile que celui des hommes. À temps de travail équivalent, une femme en usine gagne 15 % de moins qu’un homme pour une même tâche, et tout en haut de l’échelle, une seule femme dirige une entreprise du CAC 40. Les progrès effectués par la société française en termes d’égalité sont certes considérables, saluons-les, encourageons-les, promouvons-les. Mais vous devez, cher Michel, en avoir conscience : il reste encore tant à faire. En politique, dès les études, à l’université, dans l’entreprise, dans l’administration, trop de femmes sont freinées ou s’autocensurent tant elles n’osent plus espérer être reconnues ou payées comme les hommes. Tout cela doit changer. Tout au long de mon parcours, je n’ai eu de cesse de tenter de corriger ces injustices. Comme ministre, par exemple, en instaurant des congés maternité pour les doctorantes, en aidant les femmes à s’orienter vers des métiers scientifiques ou en les désignant à des postes élevés. Comme présidente de région, ensuite, en aidant à se loger des femmes victimes de violences, en finançant l’entrepreneuriat au féminin, ou même en luttant contre la précarité menstruelle des lycéennes dans le besoin. Tous ces défis à relever ne sont pas ceux d’une femme pour les femmes. Ce sont ceux de chacun de nous pour la société tout entière.


Lorsque je déclare que « les femmes ne sont pas là pour jouer les numéros deux », je pense aussi aux chemins escarpés qu’ont dû emprunter ces héroïnes françaises qui, d’Olympe de Gouges à Simone Veil, de Marie Curie à Simone de Beauvoir, ont dû et su, par leur talent, leur énergie et leur courage, placer la femme au cœur de leur temps. Elles ont chacune constitué un grand bienfait pour la société et leur époque. Inspirée par leurs combats et soucieuse d’y apporter ma pierre, j’assume de me fixer pour cap de devenir la première femme présidente de la République française. Et, ainsi, de succéder aux vingt-cinq présidents qui ont égrené l’Histoire, sans qu’aucun d’eux n’ait pu jusqu’ici la conjuguer au féminin.


Vous allez être d’accord avec moi, Michel. Être une femme en politique n’est pas un mantra ni une valeur en soi. Appartenir à la gent féminine ne constitue pas un projet de société ni un passe-droit. Je ne suis pas et ne serai jamais soluble dans un état civil. Tout au long de mon parcours, de juge, de députée, de ministre, de présidente de région, j’ai même toujours détesté être résumée à mon genre. Ce fut pourtant, malheureusement, souvent le cas. Car tout est bien là, cher Michel : c’est parce que je crois comme vous que « la valeur d’une personne ne dépend pas de son genre » que je suis contrainte de me battre pour que les femmes puissent avoir les mêmes chances et occuper les mêmes fonctions que les hommes. C’est ma conception du mérite avant même d’être celle de la femme : la valeur de chacune doit être reconnue au même titre que celle de chacun. Et inversement ! Je rêve du jour où il sera devenu évident que le ministère en charge du droit des femmes puisse être décroché par un homme !


Ayant tenu à vous répondre pour vous préciser à quel point mon engagement au nom des femmes a le parfum d’une odeur universelle, je vous prie de croire, cher Michel, à mon plus cordial souvenir.


Valérie Pécresse

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