Le gouvernement ne peut pas céder une fois de plus aux minorités d’extrême-gauche
Depuis plusieurs semaines, des sites universitaires sont bloqués en France, en violation de la loi et de la liberté d’étudier. Mardi 11 avril, le fonctionnement de dix universités était perturbé, et quatre universités étaient entièrement paralysées. A Toulouse, Rennes, Paris, Lille ou Nancy plusieurs milliers d’étudiants sont pris en otage par quelques groupes d’activistes ultra-minoritaires.
Que veulent-ils ? Tout et son contraire. Le retrait de la réforme APB, conçue dans la précipitation pour éviter les tirages au sort et engager une sélection qui ne dit pas son nom. S’il y a un reproche qu’on peut faire à cette réforme, c’est de ne pas aller assez loin pour assumer une véritable sélection au mérite, qui mettrait un terme à la sélection par l’échec qui règne aujourd’hui (avec un taux d’échec proche de 60% en L1).
Mais l’opposition à la réforme APB masque pour l’essentiel des visées politiques : les groupes qui sont à la manœuvre dans les sites bloqués, recherchent ouvertement la « convergence des luttes », et formulent une multitude d’exigences politiques de toutes sortes (retrait de la réforme de la SNCF, soutien aux « zadistes » de Notre-Dame-des-Landes…) sans aucun rapport avec l’université.
Qui les soutient ? Parmi les étudiants, personne ou presque. 1,6 millions d’étudiants sont inscrits dans les universités françaises, tandis que les manifestations et les AG organisées dans le cadre des blocages rassemblent tout au plus quelques dizaines, parfois quelques centaines d’étudiants.
Au sein du corps enseignant, certains sont entrés en grève pour soutenir le mouvement. Leur action légale mais extrêmement minoritaire ne justifie pas davantage les blocages. A titre d’exemple, une tribune contestant la réforme de l’enseignement supérieur a été signée lundi 10 avril par 425 enseignants-chercheurs. Un chiffre à mettre en rapport avec les 57 000 enseignants-chercheurs qui officient à l’université.
Que fait le gouvernement ? Rien, ou presque. Paralysé par le risque de « contagion » à l’approche des commémorations de mai 1968, il se borne à appeler au déblocage des sites et indique que les examens universitaires se tiendront à grands renforts de méthode Coué. A Paris, la préfecture de police qui relève directement du ministre de l’intérieur, a décidé mardi 11 avril de ne pas débloquer le site de Tolbiac, pénalisant près de 10 000 étudiants !
Quand l’Etat ne fait plus respecter l’ordre et les droits de chacun, il laisse le champ libre au droit du plus fort, c’est-à-dire à la loi de la jungle. C’est une situation dangereuse et inacceptable.
Nous demandons au gouvernement :
1. De faire débloquer immédiatement l’ensemble des sites universitaires paralysés en violation de la loi, sans se défausser de sa responsabilité sur les tribunaux ou les présidents d’université, et d’assurer un contrôle systématique des accès pour éviter que des éléments extérieurs ne puissent venir perturber un site.
2. D’organiser dans les 7 jours des référendums électroniques sur la reprise des cours dans l’ensemble des universités perturbées, sur le modèle de ce qui est mis en œuvre par l’université de Nancy, et de demander aux présidents d’université d’utiliser systématiquement cet outil à l’avenir, à chaque fois qu’un site sera perturbé.
3. D’exiger des universités que la liste des enseignants grévistes soit effectivement communiquée aux services administratifs, ce qui n’est pas systématiquement le cas en raison de l’opposition de quelques doyens d’UFR, afin que les jours de grève ne soient pas rémunérés. A défaut, l’ensemble de l’UFR concernée doit pouvoir être considérée comme gréviste.