Par Emmanuel Galiero
INTERVIEW - La présidente LR du Conseil régional d'Ile-de-France a participé à Bordeaux au séminaire de rentrée des juppéistes. Le 10 septembre, elle lancera un nouveau mouvement au sein des Républicains.
De notre envoyé spécial à Bordeaux
LE FIGARO. - En toile de fond des «vendanges de Bordeaux» autour d'Alain Juppé, la reconstruction de la droite est dans de nombreuses têtes juppéistes. Quel est votre sentiment?
Valérie PÉCRESSE. - Je partage la déception d'Alain Juppé sur le gouvernement Macron et ses trois premiers mois. Emmanuel Macron n'est pas parti avec les réformes prônées par Alain Juppé. Il n'a pas lancé ce mouvement, profondément réformateur, que la France attend et désire, que ce soit sur le chômage, les retraites ou l'économie. Sa faute initiale est d'avoir choisi un premier ministre, Edouard Philippe, sans prendre ses idées et ses réformes. Par conséquent, je me situe très clairement aujourd'hui dans l'opposition à ce gouvernement du rabot budgétaire, des demi-réformes et d'une forme d'angélisme sur des sujets très préoccupants, comme le sont les flux migratoires, le communautarisme ou l'islamisme radical.
Quelle forme cette opposition peut-elle prendre?
On peut s'opposer à ce gouvernement tout en étant conforme à nos valeurs et à notre époque. Nous devons faire l'inventaire des raisons de notre échec à la présidentielle. Nous avons perdu cette élection parce que nous avons donné le sentiment d'être plus fascinés par la France d'hier que par la France d'aujourd'hui. Il est temps d'incarner un courant d'idées, plus large que le juppéisme, prêt s'adresser à tous: gaullistes sociaux, chrétiens démocrates, humanistes… Nous devons nous adresser à tous ceux qui pensent que la droite doit changer de logiciel. En réalité, on peut être ferme et humain, parler du social de manière efficace, aborder l'écologie sans que celle-ci soit punitive, croire au progrès tout en nous adressant aux actifs. Je rappelle que 6% des moins de 35 ans ont voté pour nous… La droite n'a pas su séduire les jeunes générations. C'est une faute.
Qui peut porter ces idées aujourd'hui?
J'ai décidé de créer «Libres!», un mouvement ouvert à l'ensemble des sympathisants LR et à la société civile, un peu sur le modèle de «Désir d'Avenir» de Ségolène Royal en 2005 (lancement prévu le 10 septembre, NDLR). Depuis quinze ans, les idées neuves ne sont plus arrivées par les partis politiques mais via des mouvements d'idées, ouverts à la société civile. Le mien, qui se veut fidèle aux idéaux du gaullisme, s'inscrira dans la droite républicaine, en restant conforme au pacte initial de l'UMP qui avait réuni la droite et le centre. Je veux un mouvement profondément ancré dans la société d'aujourd'hui.
Laurent Wauquiez, donné favori pour la présidence de l'UMP en décembre, peut-il porter un tel projet?
La ligne de Laurent Wauquiez n'est pas la mienne. Dans la mienne, on n'est pas séduit par la France d'hier ou les vieilles idées qui nous ont fait perdre. La rénovation totale du logiciel de la droite est indispensable. Les amis d'Alain Juppé se retrouvent dans l'idée d'une troisième voie possible entre la droite identitaire et Macron. Une troisième voie de droite, humaniste et moderne. Mon mouvement «Libres!» sera l'ultime tentative pour éviter une scission de la droite.
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